Ripple est une entreprise fondée en 2012 et basée à San Francisco. Elle développe des solutions de transfert d’argent rapides et peu coûteuses, principalement à destination des banques et institutions financières. Le jeton natif de l’écosystème, le XRP, fonctionne sur la blockchain XRP Ledger (XRPL), spécifiquement conçue par Ripple.
Contrairement à de nombreux projets de cryptomonnaies qui prônent la décentralisation, Ripple se distingue par une approche résolument tournée vers l’efficacité et l’adoption institutionnelle. L’objectif est clair : moderniser les paiements internationaux, encore souvent longs, coûteux et complexes, en s’appuyant sur les technologies blockchain.
Cette orientation « business » a fait de Ripple l’un des projets les plus institutionnels du secteur. Toutefois, la société fait face à un enjeu juridique majeur : depuis décembre 2020, elle est poursuivie par la Securities and Exchange Commission (SEC) aux États-Unis, qui l’accuse d’avoir vendu illégalement des titres financiers non enregistrés à travers le jeton XRP. Malgré cette procédure, Ripple reste l’un des projets les plus capitalisés du marché crypto.
L’écosystème Ripple
1. Le XRP Ledger (XRPL)
Le XRP Ledger est la blockchain qui sous-tend l’ensemble de l’écosystème Ripple. Publique, elle se distingue par une exécution ultra-rapide des transactions (quelques secondes) et des frais extrêmement faibles (fractions de centime). Son fonctionnement repose sur un modèle de consensus original :
- Semi-centralisé : Le réseau n’est pas ouvert à tous comme Bitcoin. Seul un nombre limité de validateurs est autorisé à valider les transactions. Même si Ripple affirme que son réseau est décentralisé, une proportion importante des nœuds et validateurs reste liée à l’entreprise.
- Consensus hiérarchisé : Les validateurs utilisent une « liste de nœuds de confiance » (Unique Node List ou UNL). Ce mécanisme vise à maintenir la sécurité du réseau en limitant les comportements malveillants.
- Aucune récompense en bloc : Contrairement à d’autres blockchains, les validateurs du XRPL ne sont pas rémunérés via des jetons nouvellement créés. Leur participation repose sur un intérêt stratégique (utilisation commerciale ou réputationnelle).
Grâce à ce modèle, le XRPL est capable de gérer un grand volume de transactions internationales en un temps record, avec une stabilité remarquable.
2. RippleNet : réseau de paiements interbancaires
RippleNet est la solution logicielle qui regroupe plusieurs services de paiement à destination des banques et entreprises :
- xCurrent : Gère la messagerie financière (notamment selon les standards SWIFT et ISO 20022) et assure l’interopérabilité entre réseaux grâce à l’Interledger Protocol (ILP).
- xRapid : Utilise le XRP comme pont de liquidité entre différentes devises, évitant aux banques de détenir des comptes préfinancés dans plusieurs pays.
- xVia : API légère pour initier des paiements, gérer la facturation ou suivre les justificatifs.
Ces produits, initialement distincts, ont été unifiés au sein de RippleNet, qui propose aujourd’hui une solution complète pour des transferts internationaux rapides, peu coûteux et interconnectés avec le XRP Ledger.
3. Liquidity Hub
Liquidity Hub est une autre solution phare de Ripple, conçue comme une plateforme d’accès unique à la liquidité en cryptomonnaies pour les grandes entreprises. Elle permet de :
- Se connecter à plusieurs exchanges crypto,
- Accéder à des pools de liquidité profonds pour éviter les impacts sur le marché lors de gros ordres,
- Échanger une large variété d’actifs numériques (pas seulement du XRP).
L’objectif est de proposer un guichet unique B2B qui simplifie la gestion des conversions entre cryptos et monnaies fiat.
Le token XRP : rôle et tokenomics
Le XRP a été préminé à hauteur de 100 milliards d’unités dès 2013. Sa répartition initiale était la suivante :
- 20 milliards ont été répartis entre les trois co-fondateurs,
- 80 milliards ont été alloués à l’entreprise Ripple.
Depuis, Ripple a progressivement vendu des XRP sur le marché. Les tokens invendus sont stockés dans un système d’escrow (séquestre), qui libère une partie des tokens chaque mois. En 2018, 55 milliards de XRP étaient encore sous séquestre ; ce chiffre est tombé à environ 44 milliards aujourd’hui.
Utilisation du XRP :
Le XRP agit comme jeton intermédiaire pour les conversions de devises. Lors d’un transfert, la blockchain peut utiliser temporairement du XRP pour passer d’une monnaie à une autre (ex : EUR → XRP → USD), en moins de dix secondes.
Pas de minage ni staking :
Le réseau XRP Ledger ne repose ni sur le minage ni sur un système de staking avec récompenses. Les validateurs, souvent des banques, universités ou partenaires industriels, interviennent pour des raisons stratégiques, et non spéculatives.
Équipe, levées de fonds et partenaires
Équipe fondatrice
- David Schwartz : Cofondateur et CTO. Spécialiste des systèmes distribués.
- Jed McCaleb : Cofondateur (également à l’origine de Mt. Gox, puis de Stellar). Il quitte Ripple en 2013.
- Arthur Britto : Cofondateur discret, peu présent publiquement.
D’autres figures ont rejoint Ripple par la suite :
- Chris Larsen, président,
- Brad Garlinghouse, PDG — tous deux visés par la SEC dans le procès en cours.
Levées de fonds
Ripple a levé environ 292 millions de dollars :
- 2012 : 200 000 $ (premier financement),
- 2013 : plusieurs millions sur deux tours,
- 2015 : 28 millions $,
- 2016 : 55 millions $ (avec Seagate, CME Ventures, etc.),
- 2019 : 200 millions $ (Tetragon, SBI Holdings, Route 66 Ventures…).
Partenaires
Ripple revendique plus d’une centaine de partenariats :
- Grandes banques : HSBC, Bank of America, Santander, Crédit Agricole…
- Acteurs tech : Microsoft, IBM
- Collaboration indirecte avec SWIFT, en adoptant ses standards.
Ripple contre la SEC
Depuis décembre 2020, Ripple est confrontée à un procès intenté par la SEC :
- Position de la SEC : XRP serait un titre financier (security) non enregistré. Ripple aurait levé 1,38 milliard de dollars illégalement.
- Position de Ripple : Le XRP n’est pas un titre, et la SEC n’a jamais émis de règles claires. D’autres cryptos similaires ne sont pas poursuivies.
L’issue du procès est stratégique pour toute l’industrie :
- Une victoire de la SEC pourrait imposer de nouvelles obligations réglementaires aux tokens centralisés.
- Une victoire de Ripple créerait un précédent juridique affaiblissant l’autorité de la SEC sur les cryptos.
Les annonces liées au procès ont fortement fait fluctuer le cours du XRP au fil des mois.
Comment acheter du XRP ?
Le XRP est disponible sur la plupart des plateformes d’échange :
- Exchanges centralisés (CEX) : Binance, Kraken, KuCoin, etc.
- Plateformes P2P : Moins courantes pour le XRP, car la liquidité y est plus faible.
- DEX compatibles XRPL : encore peu développés, mais en croissance.
Une fois inscrit sur une plateforme, vous pouvez déposer des euros ou dollars pour acheter du XRP au cours du moment.
Comment stocker ses XRP ?
Il est fortement recommandé de stocker ses XRP dans un wallet personnel, dont vous contrôlez les clés privées :
- Wallets logiciels : Trust Wallet, Exodus, Xumm (spécifique à XRP). Pratiques, mais pensez à sauvegarder votre phrase de récupération.
- Wallets matériels : Ledger, Trezor. Le plus sûr pour un stockage à long terme, car la clé reste hors ligne.
À noter : pour activer une adresse XRP Ledger, un minimum de 10 XRP est requis (valeur sujette à évolution).
Conclusion
Ripple s’est imposée comme une entreprise clé dans le domaine des paiements internationaux via blockchain. Sa stratégie diffère de celle des projets purement décentralisés : elle mise sur l’intégration avec les banques et les standards existants.
Points forts :
- Transactions rapides et bon marché
- Adoption croissante dans le monde bancaire
- Compatibilité avec une vision de monnaies numériques de banque centrale (MNBC)
Limites et critiques :
- Centralisation relative du réseau XRPL
- Risque juridique important avec le procès de la SEC
- Transparence discutable sur la distribution des tokens XRP
En définitive, Ripple occupe une position hybride : entre innovation blockchain et intégration institutionnelle. Son avenir dépendra en grande partie de l’issue du contentieux avec la SEC, qui pourrait faire date dans l’histoire réglementaire des cryptomonnaies.